Le symposium national annuel sur la justice réparatrice, orchestré par plusieurs organisations associées à YOUCAN et au « Canadian Safe School Network », a eu lieu du 17 au 19 novembre, pour la première fois à Toronto pendant la semaine consacrée à la justice réparatrice au Canada. La ministre de la Justice de l’Ontario, Mme Madeleine Meilleur, a donné le ton dans son discours de bienvenue : le système correctionnel a besoin des communautés engagées dans la recherche de solutions. Que ce soit la médiation, les mécanismes d’avertissement des écoles ou les cercles de guérison, toutes ces approches contribuent à la prévention et sont moins coûteuses que l’incarcération. Tout doit être mis en œuvre pour diminuer les chances de récidive. Il y a, dans certaines prisons, jusqu’à 91 % de récidive. Des programmes spécifiquement sensibles à la culture des détenus sont mis en place dans certains cas. Par exemple, à Windsor, une prison modèle aura un nouveau service pour les détenus autochtones. Les divers ministres de la Justice du Canada, qui se réunissent régulièrement, ont remis à l’agenda la prévention et la justice réparatrice, et des études sont en cours dans chaque province pour tirer des leçons de ce qui existe déjà. Il y a aussi une préoccupation par rapport à la grande quantité de détenus qui souffrent de maladies mentales.
Dans ce contexte, l’atelier organisé par la Commission canadienne, intitulé « L’éducation tout au long de la vie comme deuxième chance », s’inscrivait bien dans l’esprit du symposium. Après une introduction par Mme Elisabeth Barot pour rappeler le rôle de la Commission canadienne pour l’UNESCO dans le contexte du débat sur l’éducation équitable de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous (devenu l’objectif proposé en éducation pour l’agenda des Nations Unies post 2015), les deux personnes ressources, membres de réseaux de la Commission, ont été invitées à prendre la parole avant de participer à un échange avec les participants. M. Paul Bélanger, président du comité scientifique de la Chaire UNESCO de recherche appliquée pour l’éducation en prison, a souligné l’importance avérée de l’éducation tout au long de la vie, depuis la petite enfance jusqu’à un âge avancé, comme déterminant de la santé et du développement de la personne aussi bien sur le plan économique que social. Les études démontrent le pourcentage de personnes en prison qui n’ont pas complété leur scolarité. La Chaire UNESCO, avec l’appui du gouvernement du Québec, s’engage justement dans une étude sur les impacts de l’éducation en prison, sur la vie en prison et les chances de succès de la sortie des prisonniers. Les études faites ailleurs démontrent la baisse du taux de récidive et la diminution de la violence en prison quand les détenus sont en mesure d’imaginer un avenir différent.
Mme Isobel Findlay de l’Université de Saskatchewan, membre de la Commission sectorielle — Culture, a présenté le cas de l’apprentissage du mode coopératif comme mode de développement personnel acceptable pour certaines cultures et l’effet sur la prise en charge économique autonome après la prison. Dans le cas des femmes autochtones qui avaient reçu la formation en prison, leur nouvelle confiance en elle-même et en un avenir pour elle et leur famille, ainsi que leur capacité à prendre des décisions et à se prendre en charge, semblaient des signes prometteurs de leur transformation. L’autre cas présenté transformait la trappe, ancrée dans la tradition ancestrale, en une entreprise coopérative adaptée à la société actuelle.
Résultats : Outre la représentation de la Commission canadienne pour l’UNESCO dans un milieu différent et les nombreux contacts établis avec les participants, le rapprochement a mis en évidence les efforts parallèles des chercheurs en Ontario, en Saskatchewan et au Québec, et leur relation devrait se prolonger au-delà de la rencontre. À plus court terme, leurs présentations devraient faire partie d’un document de travail de la Commission, en préparation jusqu’à la fin janvier, qui entamera une série documentaire sur le sens de l’éducation équitable de qualité et un apprentissage tout au long de la vie pour tous.
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Source : Commission canadienne pour l’UNESCO, 2013