Tracer un chemin vers la réintégration : les programmes d’emploi des services correctionnels australiens et leur lien avec l’enseignement et la formation professionnels (EFP)

Joe Graffam, professeur
Vice-recteur
(Recherche, développement et formation)
Deakin University

Le(s) système(s) correctionnel(s) australien(s) mis en context

En 2011, il y avait 29 106 détenus dans les établissements correctionnels australien. Le taux d’emprisonnement était de 174 pour une population de 100 000 adultes (soit 0,11 % de la population).

En date du 30 juin 2011, presque la moitié des prisonniers incarcérés avaient déjà purgé une peine dans une prison pour adultes (Australian Bureau of Statistics, 2011); entre 2006 et 2007, 38 % des prisonniers libérés sont retournés en prison et 45 % ont pris le chemin des services correctionnels (Australian Institute of Criminology, 2011).

Environ un quart des prisonniers adultes sont condamnés de nouveau dans les trois mois suivant leur libération tandis qu’environ 35 % à 41 % sont réincarcérés dans les deux ans (Payne, 2007).

À l’échelle nationale, environ 1/3 des condamnés sont incarcérés et 2/3 purgent leur peine dans la collectivité.

Au moment de commettre leur délit, environ 60 % à 70 % des contrevenants sont sans emplois.

 

Prévalence des délits étant commis par des Indigènes

Les Indigènes sont représentés de façon disproportionnée dans les systèmes correctionnels australiens (par ex. : ABS 2010; SCRGSP 2011). Les prisonniers indigènes représentent actuellement 28 % des prisonniers australiens (SCRGSP 2011), ce qui équivaut à dix fois leur représentation au sein de la population totale de l’Australie.

Le taux d’incarcération des Australiens indigènes est beaucoup plus élevé que chez les Australiens non indigènes. Le taux d’incarcération national standardisé par âge pour les adultes indigènes est de 1 811,1 sur 100 000, soit un taux environ 14 fois plus élevé que le taux national chez les adultes non indigènes qui est de 127,1 sur 100 000 (SCRGSP 2011).

Les contrevenants indigènes, tout comme leurs homologues non indigènes, se démarquent par leurs taux élevés d’incarcérations de courte durée et répétées (ABS 2010). Malgré une moins grande consommation d’alcool, en général, nous constatons, par conséquent, une surreprésentation des hommes indigènes condamnés pour crime violent avec consommation d’alcool et de drogues (Willis & Moore 2008).

 

L’enseignement et la formation professionnels (EFP) dans le(s) système(s) correctionnel(s) australien(s)

L’historique de l’EFP dans le « système » correctionnel australien

  • Depuis le début des années 1900, l’éducation de base pour adultes est offerte dans les prisons australiennes.
  • 1996 – Le Senate Report of the Inquiry into Education and Training in Correctional Facilities, (SEETRC, 1996) a recommendé une stratégie nationale.
  • 2001 – La National Strategy for Vocational Education and Training for Adult Prisoners and Offenders in Australia (ANTA, 2001) fut lancée.
  • 2006 – Les organismes correctionnels de tous les États et territoires disposaient alors d’une série de cours d’EFP et ces derniers étaient offerts à ceux qui purgeaient des ordonnances/peines dans la collectivité.
  • Maintenant – L’EFP est plus valorisé et populaire que le travail dans les services ou dans les industries; la demande dépasse la disponibilité; un grand éventail de cours allant des cours abrégés jusqu’aux titres professionnels; la collaboration avec les services cliniques, à l’industrie et de détention; variable d’une autorité à l’autre.

 

L’enseignement et la formation professionnels (EFP) dans le(s) système(s) correctionnel(s) australien(s)

Le « système » de l’EFP dans les services correctionnels australiens

  • Gestion des peines, durée des peines et mise en œuvre de l’EFP.
  • Travail en industrie, travail dans les services, EFP et attribution de gratifications.
  • Des cours abrégés aux formations d’apprenti et de stages.
  • Variation dans les « systèmes ».

NSW — dispensé par un service central + les instituts d’enseignement technique et complémentaire (TAFE) + autres organismes de formation accrédités (RTO); offre complète.

VIC — campus d’instituts d’enseignement technique et complémentaire (TAFE) locaux dans les prisons; offre complète, pas de transport.

Qld — instituts d’enseignement technique et complémentaire (TAFE) + autres organismes de formation accrédités (RTO); offre complète.

SA — dispensé par un service central (organismes de formation accrédités (RTO); complet, pas de transport ou CA.

WA — dispensé par un service central d’organisme de formation accrédité (RTO)+ autres organismes de formation accrédités (RTO); offre complète.

TAS — dispensé par un service central d’organisme de formation accrédité (RTO) + instituts d’enseignement technique et complémentaire (TAFE) + autres organismes de formation accrédités (RTO); pas de transport ni CA.

NT —  dispensé par un service central d’organisme de formation accrédité (RTO); seulement CA et alphabétisme/acquis numériques.

Le fonctionnement de l’enseignement et la formation professionnels (EFP) et son lien avec la préparation à l’emploi

  • La stratégie nationale comprend quatre objectifs :
  • 1) améliorer l’accessibilité à l’EFP;
  •  2) participation et atteinte parmi une gamme et des niveaux de l’EFP;
  • 3) contribuer aux chemins de la réintégration;
  • 4) système responsable et résultats équitables.
  • Plus du trois quarts des prisonniers sont admissibles au programme d’EFP
  • Plus du trois quarts des prisonniers travaillent dans les services ou les industries de la prison
  • Très peu prennent part à des formations d’apprenti ou des stages (mais le nombre est en croissance)
  • Les prisonniers préfèrent l’EFP aux emplois en prison
  • Il existe une excellente collaboration et un soutien mutuel entre les services d’EFP, les services cliniques, les services de détention, l’industrie de la prison et les services d’emploi

 

Le système d’emploi fédéral : DEEWR

Le Department of Education, Employment, and Workplace Relations (DEEWR) s’occupe de l’aide à l’emploi. Depuis juillet 2009, soit au début de JSA et jusqu’en mars 2011, les ex-détenus chercheurs d’emploi ont constitué environ 11 % du nombre total de cas. Environ 22 % des ex-détenus chercheurs d’emploi étaient des ex-détenus indigènes.

87 472 placements ont été effectués chez les ex-détenus au cours de cette période, dont 16 % du total étaient des ex-détenus indigènes.

Quant aux résultats sur 13 semaines, des résultats positifs ont été obtenus pour 27 069 ex-détenus, dont 16 % étaient des ex-détenus indigènes.

Quant aux résultats sur 26 semaines, des résultats positifs ont été obtenus pour 13 985 ex-délinquants, dont 15 % étaient des ex-détenus indigènes. Bien que quelque peu sous-représentés dans les résultats, les ex-détenus indigènes ont trouvé un emploi grâce au bon travail des fournisseurs de JSA (les statistiques sont fournies par DEEWAR).

DEEWR, en plus de financier tout le réseau de fournisseurs de JSA, offre le Programme d’emploi pour Indigènes (IEP), qui finance un grand éventail d’initiatives de programmes partout en Australie.

 

Programmes d’État

 

Advance2Work — Queensland Department of Corrective Services (Département des services correctionnels du Queensland) et DET

Advance2Work est en œuvre dans tout l’État du Queensland depuis 2000. Le programme est instauré dans cinq emplacements et est offert aux prisonniers, qui ont obtenu leur libération, dans tous les centres de détention du Queensland. Les prisonniers peuvent commencer le programme dans les six mois précédents leur libération.

Les fournisseurs du programme s’assurent que le profil du participant est représentatif de la population de prisonniers de l’État. Le programme offre plusieurs types d’accompagnement en lien avec l’emploi, dont l’analyse des besoins en formation, la formation professionnelle, des compétences pour la recherche d’emploi, le placement, le soutien après-emploi et les présentations de candidats.

7 460 personnes ont reçu de l’aide entre juillet 2007 et décembre 2009 : 1 918 (25,7 %) ont trouvé un emploi; 1 337 (17,9 %) ont conservé leur emploi pendant au moins 13 semaines; 2 063 (27,7 %) étaient des Indigènes. Parmi ceux qui ont poursuivi leur emploi pendant 13 semaines, 232 (17,4 %) étaient indigènes. Ce rendement est comparable à celui du rendement général de JSA. L’efficacité du programme s’avère très bonne en ce qui a trait au soutien apporté aux participants indigènes.

 

Programme d’emploi des États

 

Programmes d’aide à l’emploi de l’État de Victoria (Victorian Employment  Assistance Programs) — Services correctionnels de l’État de Victoria

Depuis 2004, il existe plusieurs types d’aide à l’emploi pour les détenus et ex-prisonniers dans l’État de Victoria. Les prisonniers peuvent commencer le programme dans les six mois précédents leur libération. Les détenus peuvent commencer tout en état en prison.

Le programme offre plusieurs types d’accompagnement en lien avec l’emploi, dont l’analyse des besoins en formation, la formation professionnelle, les compétences pour la recherche d’emploi, le placement, le soutien après-emploi et les présentations de candidats. Plus de la moitié des participants étaient des ex-prisonniers, bien que les prisonniers constituent 35 % de la population totale des services correctionnels.

Au fil des ans, des milliers de gens ont pu y participer et entre 34 % et 40 % de ces participants ont trouvé un emploi. Entre 16 % et 19 % ont conservé leur emploi pendant au moins 13 semaines. Cette performance se compare à celle de la performance générale de Job Services Australia (JSA).

 

Programme d’emploi pour prisonniers — Services correctionnels du Territoire du Nord

Le programme d’emploi pour prisonniers comporte trois regroupements : les Community Service Work Parties (CSWP); le Volunteer Employment Program (VEP); et le Prisoner Paid Employment Program (PEP).

Ce programme a été très efficace pour aider les prisonniers à faire la transition entre la prison et la collectivité. Au cours des 12 premiers mois où le PEP a été relancé, 16 prisonniers ont trouvé un travail salarié à temps plein, sept ont participé à des stages rémunérés (sur lesquels deux ont obtenu un employé salarié à temps plein à la fin de leur peine) et une moyenne de 4 à 6 prisonniers avait un travail salarié tous les mois. Presque les deux tiers (65 %) des participants au PEP sont des Indigènes.

 

Programme d’emploi pour prisonniers — Département des services correctionnels, Australie-Occidentale

Il s’agit d’un programme en cinq étapes couvrant la prélibération jusqu’à la post-libération et comprenant : demande d’emploi; évaluation; gestion des cas; placement; et soutien après le placement. Pour être en droit de participer, les détenus doivent avoir purgé plus de la moitié de leur peine.

Le programme est offert dans neuf emplacements de l’Australie-Occidentale, dont les prisons régionales et métropolitaines. Le travail salarié est accordé en fonction de la conformité à certains niveaux ainsi qu’aux autorisations standards (vérification policière, couverture d’indemnisation des accidents de travail, etc.)

Le programme a permis de trouver des emplois aux ex-prisonniers après leur libération de prison. À l’heure actuelle, nous ne connaissons pas la portée de l’implication ni les résultats sur le plan de l’emploi des détenus indigènes.

 

Façons de faciliter un développement soutenu

  • Mettre davantage l’accent sur les conséquences du non-emploi

EFP, stage en industrie et résultats de l’expérience de travail « microgains » et références à d’autres fournisseurs et soutien direct officialiser l’établissement de rapports sur les conséquences du non-emploi (et les fournisseurs qui procurent une rémunération pour leurs réalisations).

  • Offrir plus d’aide en ce qui concerne le changement du mode de vie et la transition

mettre l’accent sur l’aiguillage vers d’autres services ou assurer le lien avec les services de bien-être social  un réponse globale, le gouvernement collaborant avec les organismes non gouvernementaux.

  • Prolonger la durée de l’admissibilité au programme

Deux ans donneraient davantage le temps aux individus de se trouver un emploi ou de le conserver pendant 13 semaines.