Les 23 et 24 mai 2017, aura lieu à Dakar au Sénégal une réunion consultative sur l’état des prisons au Sénégal. Cette rencontre est organisée par le bureau de l’UNESCO de Dakar, et a pour thématique : « La problématique des prisons et la lutte contre l’extrémisme violent par l’éducation ».
Jean-Pierre Simoneau, directeur des opérations de la Chaire UNESCO de recherche appliquée pour l’éducation en prison, a été invité à donner deux conférences lors de cet évènement se déroulant sur deux jours.
Après l’échec de la réduction de la récidive par l’humanisation des prisons sénégalaises par leur transformation en Maison d’arrêt et de correction (MAC), le sort des lieux de détention au Sénégal et des détenus eux-mêmes demeure précaire et préoccupant. Ni les grâces présidentielles, encore moins les libérations conditionnelles et la pratique de la liberté provisoire en cours ne sont suffisantes pour réduire de manière effective l’inflation des effectifs dans le milieu carcéral et la stigmatisation des anciens détenus et les pratiques relevant de l’époque coloniale témoignent de cette réalité.
Fort de ce constat, et s’appuyant sur les travaux d’Ibrahima Thioub, Babacar Ba et Ibra Sène sur la dégradation du milieu carcéral, plusieurs projets de formation ont été mis en place au sein des MAC sénégalaises pour favoriser de meilleures chances de réinsertion sociale, notamment des programmes d’alphabétisation fonctionnelle, des formations professionnelles (maçonnerie, boulangerie, menuiserie, etc.) et des programmes visant à combattre l’extrémisme religieux violent.
Pourtant, malgré les nombreuses initiatives, les résultats sont encore très minces et il est difficile d’évaluer l’impact de ces politiques éducatives sur le désengorgement du milieu carcéral. La perspective de cette rencontre avec l’appui de l’UNESCO Dakar privilégiant l’éducation dans les prisons et la réponse aux enjeux sécuritaires actuels aura un impact certain sur la situation des prisons au Sénégal. En effet, le partage d’expériences permettra de mettre l’agenda et la prise en charge des détenus ou des personnes momentanément en conflit avec la loi au centre des préoccupations des autorités étatiques.
Le problème qui semble être spécifique aux prisons africaines, plus spécifiquement aux prisons sénégalaises est l’absence d’une recherche sérieuse sur les projets éducatifs et l’offre de formation, qu’elle soit professionnelle ou de réarmement moral et religieux, permettant une réintégration sociale réussie. Le laboratoire d’études et de recherche sur les marginalités de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, les projets de culture urbaine développés à Guédiawaye et les dossiers faits par les parlementaires sénégalais ainsi que ceux des organisations de défense de l’homme et le tout porté par le Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS) permettront de dresser les contours de la problématique carcérale au Sénégal.
Lors de sa participation à cette rencontre, Jean-Pierre Simoneau a pu non seulement faire état des programmes mis en place et partager sur l’expertise éducative carcérale canadienne développée depuis de nombreuses années, mais aussi collaborer à la mise sur pied d’un plan d’action en matière de recherche sur l’éducation en prison au Sénégal qui pourrait servir à documenter l’évaluation de programmes et mesures de gouvernance mis en place dans le pays et ainsi à aider à la mise en place de ces programmes. Ce plan d’action permettra à la population carcérale de contribuer à son tour au « Plan Sénégal émergent » (PSE) visant l’émergence du Sénégal sur la scène mondiale.
De plus, les objectifs de cette rencontre prévoient aussi la production d’un rapport indiquant les recommandations issues des différents échanges, une stratégie de plaidoyer en direction des autorités responsables du secteur et la mise en place d’une coalition de suivi des recommandations disposant d’un échéancier précis.
RÉFÉRENCES :
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